Du terrain à Luttopia…

Le squat Utopia 001, et ceux qui suivront, appartiennent au mouvement social… Ce squat de Montpellier, ouvert en avril et fermé après une expulsion le 23 octobre 2014, s’est construit autour du projet de réaliser un centre social autogéré, accueillant « des personnes, des familles, des enfants, des personnes âgées, des jeunes, tous échoués à la rue ». Les membres de la coordination Luttopia qui organisent ce lieu de vie ont mis en place, pendant ces 6 mois écoulés, des suivis médicaux (traitement de santé), des accompagnements socio-administratifs (pour la recherche emploi, de logements, l’accès aux droits communs, des procédures administratives, etc…) et des moyens d’approvisionnement en nourriture.

Ces personnes ont ainsi construit en lien avec des militants, des bénévoles, des associations, des collectifs, des institutions, des organisations, des travailleurs sociaux…, un travail de réseau qui apparaît comme un apprentissage social, comme une nouvelle méthodologie dans le champ de l’intervention sociale, mettant l’accent sur leur capacité d’organisation et de mobilisation, autour d’un projet qui rappelle sa dimension politique : la capacité transformatrice du projet pour une plus grande justice sociale et un pouvoir d’agir sur les causes.

Parce que les Fabriques de sociologie sont soucieuses d’échanger et d’approfondir des pratiques effectives et impliquées de recherche et d’intervention sociale, de quelle manière peut-on construire ensemble un espace de réflexion et d’action à partir des pratiques alternatives du lieu qui pourraient nous conduire vers la fabrication du commun… ?

Les Fabriques de sociologie en réseau …

Les acteurs engagés de Luttopia sont portés par un projet politique qui prend acte et forme par l’occupation de lieux, et par des actions visant à prendre leur vie en main, à sortir des situations de précarité par une mise en commun et une organisation qui l’accompagne : un vivre ensemble, un quotidien à partager, par des entraides et des solidarités face à l’insuffisance et aux carences des institutions chargées de répondre à la complexité des problèmes socio-économiques actuels…

Un projet de centre social autogéré qui se glisse dans les brèches du cours normal de la cité, qui habite les « vacances »  de l’espace urbain (des bâtiments, des pratiques et des dispositifs trop établis…) et sollicite un vivre et un faire en commun qui soulèvent des enjeux de justice et d’égalité, de considération et de reconnaissance.

Le travail de réseau comporte une dimension empirique soutenant des formes coopératives d’action, permettant de confronter des valeurs, de négocier des enjeux, en disant qui l’on est, ce que l’on veut, pour définir le sens de ces actions et redonner au partenariat sa dimension subversive. On sait la définition idéaltypique du partenariat [1](Dhume, 2013) comme outil politique et porteur de valeurs, comme moyen d’ouverture des institutions dans le sens d’un pouvoir partagé par les acteurs en jeu, dans une perspective de co-gestion et de co-responsabilité, de coopération…

Pour ne pas trahir le sens de ce mot dans le champ social, pour autant il existe des modes de fonctionnement souples et plus informels, qui sont en œuvre, et visent aussi à sortir des rapports de pouvoir, des cloisonnements des institutions. Collectifs et travail en réseau découvrent des pratiques nouvelles face aux carences ou insuffisances institutionnelles, trouvent des agencements possibles, et cherchent surtout des réponses plus globales et durables face aux problèmes tant au niveau des individus que des groupes. Les mises en réseau apparaissent comme un ensemble de ressources (personnes, institutions, services, etc…) avec lesquelles des acteurs sont en lien dans un désir d’égalité et de pouvoir d’agir (Cahier de l’actif).

Parce que Luttopia est un mouvement social, actif sur le terrain de l’occupation, il expérimente et explore des nouvelles modalités d’action, de résistance, du vivre ensemble. Cela conforte ainsi une manière nouvelle pour les sciences sociales de prendre part à leur côté sur la scène sociale des luttes et des initiatives, en agissant de plain pied avec les différents acteurs, en apportant une contribution scientifique, en soutenant par « une mise en récit » les imaginaires qui sont en prise avec les luttes et les initiatives, et prendre la mesure de rapports sociaux, des impensés et des empêchements d’agir mais aussi des résistances et des possibles.

Parce que cette démarche ne peut pas mettre à distance « son objet de recherche » ou se situer dans une posture de « surplomb », elle s’inscrit pleinement dans l’élaboration du projet, et s’adresse à l’ensemble des protagonistes (population accueillie, organisateurs, militants, intervenants sociaux, institutions concernées…).

Pour autant, cette approche soulève des enjeux et des perspectives autant sur le plan politique, méthodologique qu’épistémologique, car elle suppose une démarche à la fois critique et contributive dans l’objectif de fabriquer du commun (Pascal Nicolas-Le Strat, 2013).

Une recherche en sciences sociales dans ce lieu d’occupation est à aborder comme une action collective, à penser comme un engagement collectif, organisé autour d’un dispositif de coopération, permettant de penser et d’agir ensemble, et prendre part aux enjeux politiques du moment. Il s’agit bien d’agir de l’intérieur, par l’intérieur, dans une même temporalité des événements, des situations de crise.

En sollicitant les différents acteurs à faire retour sur leurs expériences pour qu’ils s’approprient la multiplicité des rapports sociaux qui trament leurs activités, une dimension réflexive et analytique est mise en œuvre pour « mieux défaire les emprises, déborder les évidences ou forcer les possibles »  (P. Nicolas-Le Strat, 2013, p 5).

Un travail critique est donc à exercer en plein milieu des processus, en réintroduisant là-aussi du processus, et en accompagnant les nouvelles dynamiques et rapports en œuvre, en exposant de nouveaux horizons de sens et d’actions.

À propos d’observation : du coté de la rencontre

Le « terrain » en sciences sociales, thème du séminaire des Fabriques de Sociologie du 20 octobre 2014, pose une multiplicité de questions, comme lieu de confrontation, de prise de risque, de savoirs à construire, de réengagement de la pensée, comme rapport militant à assumer…

Pour ne pas se méprendre sur le sens de l’observation propre à la démarche de recherche des Fabriques de sociologie, de quelle posture est-il question quand un chercheur fait irruption (avant de faire immersion..) dans la vie, le lieu de l’autre… ?

Parce que toute relation sociale est une relation de pouvoir, comment la démarche d’observation peut-elle opérer un renversement méthodologique qui aurait alors une portée à la fois politique et conceptuelle (M. Foucault) ? Car il y a mille manières de déjouer une investigation, de résister pour rappeler que finalement tout sujet est un sujet de pouvoir et dispose indéfectiblement d’une capacité à agir et à penser, indépendamment de la force et de la violence des rapports de domination et d’exploitation (P. Nicolas-Le Strat, 2014 en ligne).

Le projet d’investigation d’un chercheur vise la compréhension de quelque chose, d’un problème à résoudre, d’une énigme à élucider, d’un univers à découvrir par le moyen d’une mise en récit. Le travail du chercheur est aussi d’agir dans le sens d’une transformation : interroger des rapports sociaux et repenser leurs fondements en questionnant les regards face à des catégories construites socialement. Mais tout rapport social s’expérimente à partir de distinctions, d’une pensée de la distinction, construite par une société donnée avec des normes sociales et culturelles en œuvre dans un temps et un espace donnés.

Comment reconnaître une altérité qui est partout et d’abord en soi, une altérité qui confronte et altère, relativise les croyances, les certitudes, les points de vue ? Si l’altérité limite l’expérience par ses limites mêmes, elle donne également une possibilité de remaniement. Et c’est par la rencontre qu’il y a altération par l’autre, par son altérité radicale. L’altérité interroge notre manière de voir et d’apprécier autrui dans ses différences, bouscule les représentations, ce qui fait sens, les hiérarchies en œuvre… La rencontre est donc une expérience sensible, une initiation comme immersion volontaire en présentant des situations physiques inédites, une expérience de l’étrangeté dominée par l’étonnement…, qui permet de provoquer un décalage du regard, un décentrage, une déstabilisation heuristique et créative.

L’altération permet un processus de remaniement car il ne peut y avoir ni changement, ni création, sans altération. L’altération de certains aspects de l’existant déstabilise les rapports institués et ouvre des perspectives encore impensées (Marpeau, 2013).

C’est bien par une entaille de la pensée, et de la profondeur de cette faille, que va se construire un autre langage, un autre discours pour opérer une transformation. Et si la rencontre est une expérience profondément subjective, elle est aussi une invitation chaque fois renouvelée et toujours personnelle. S’investir dans la réalité d’autrui, accepter d’entrer en relation impose une ouverture (Catarini, 2004).

Une problématique ne peut naître que de l’expérience de la rencontre pour être mise en mots : prendre des points de vue, reconnaissant la part de subjectivité de toute expérience et dans toute construction de savoir. C’est une démarche qui est avant tout une création et une aventure et qui doit penser les conditions de la rencontre .

Parce que le travail d’émancipation, et d’autonomie, demande que l’égalité soit pensée comme point de départ et non comme finalité (Rancière), parce que la capacité de résistance et d’empowerment dans les rapports sociaux est en œuvre quand il s’agit de rappeler sa liberté, un « lâcher prise méthodologique » (P. Nicolas -Le Strat, 2013) est nécessaire pour se risquer sur un terrain incertain et pour se laisser surprendre et réinvestir autrement le sens d’une investigation ethnographique.

Pour une démarche collective de recherche

Une démarche collective de recherche comporte un sens politique (comprendre la répartition des pouvoirs de décision) et un sens épistémologique (comprendre les conditions de la construction des savoirs). Aussi des paradoxes sont à repérer : parce que la posture d’observation ne peut être ni neutre, ni naïve, elle exige de quitter la tranquillité, de se glisser vers l’insécurité des prises de risque. Si l’observation est un acte commun, celui de tout le monde, dans la recherche, il reste un acte complexe car il est avant tout un processus dynamique qui comprend des partenaires différents dans le temps et dans l’espace. Et la situation d’observation dépasse toujours les individus, des rapports sociaux sont en jeu, le poids des institutions et des groupes sociaux, ainsi que l’importance des normes et des projets socio-politiques (Khon, 1982).

L’observation, dans cette perspective, ne peut être seulement une technique destinée à rassembler les faits : elle est aussi un moyen de questionner des groupes, des institutions, d’entrer en communication et d’ouvrir des possibles. Autrement dit, il s’agit ensemble de construire une méthodologie, comme moyen de bousculer des perceptions, des modes de pensée, comme moyen pour interroger des rapports de pouvoir et de savoir, comme moyen pour dégager d’autres rapports envisageables. Une nécessité de définir des objectifs ensemble, de les réexaminer et les reformuler en cours de route, pour permettre aux problèmes de faire surface, d’être regardés par les personnes concernées.

Il s’agit d’une recherche engagée qui est attentive à ce qui est institué, c’est-à-dire bien en place et au pouvoir, et aux forces instituantes, c’est-à-dire contestataires, émergentes (Lourau) pour soutenir et accompagner un mouvement qui dévoile les limites et les impasses des institutions. L’observation est alors pensée comme une facette de l’action : construire ensemble le protocole méthodologique, se rejoindre dans une participation/observation réciproque, par la construction d’une appartenance commune au champ d’action, penser une continuité, une complémentarité entre les différents acteurs sociaux (Khon, 1982).

Une dimension réflexive

Comprendre pourquoi une variété de points de vue peut concourir à la construction d’une pensée commune ? Une nécessaire réflexivité est en jeu mais elle ne peut s’arrêter, se borner à une rationalité scientifique, ou se placer dans des cadres de contraintes qui préforment les questionnements et ne conduisent pas, in fine, à de nouvelles connaissances mais à un affrontement d’opinions fermées.

Il s’agit de favoriser un regard réflexif à la fois personnel et collectif par une observation questionnante : cette observation suppose un projet, un projet porteur d’intentions de transformer les réalités sociales ; elle est une forme d’action mais qui demande de prendre du recul et d’analyser, et appelle de nouvelles interprétations questionnant l’équilibre entre institué et instituant… (Khon, 1982).

Observation et action constituent deux modes de conscience obligatoirement informés par le projet. Action et observation constituent une double visée pour réaliser une production de connaissance et un projet de changement social. L’observation est une action, nécessite des actes posés, des connaissances posées, une prise de position dans le choix des informations : des actes donc profondément politiques. L’observation peut ainsi devenir instituante, créatrice, quand ses modalités de mise en place bousculent les structures et les objectifs habituels de l’observation ; elle est une forme d’action spécifique, une praxis, permettant de repérer l’instituant sourdement agissant, les forces sociales transformatrices, les prises de conscience présentes dans la quotidienneté (Khon, 1982).

Aussi plus qu’une approche constructiviste, il s’agit de déployer une portée constituante : c’est-à-dire cette dimension politique présente qui œuvre en fonction des dynamiques qui s’engagent et des processus qui sont en train de naître et de se déployer. Aussi la production (faire récit) qui est en jeu ne peut constituer un aboutissement en soi mais vise à accompagner les différents protagonistes à la (re-)prise en main de l’initiative à propos des questions les impliquant individuellement et collectivement.

Restituer des expériences collectives et innovantes, c’est ouvrir et donner à voir un espace de pensée et d’action, c’est provoquer des analyses et des hypothèses capables de relier des éléments habituellement abordés séparément, c’est rappeler des conditions inégalitaires et des logiques répressives. C’est faire irruption dans des pensées et des pratiques trop conformistes et conservatrices, c’est tirer bénéfice des perturbations des évidences et des routines pour mettre à découvert de nouvelles dynamiques et réalités qui s’amorcent…

Parce que ces expériences concrètes, collectives, sont prospectives, elles constituent en elles-mêmes une recherche en acte. Parce que ces acteurs sociaux sont des sujets connaissants, des analystes de leurs propre histoire et situation qu’ils concourent à transformer, la démarche de recherche engage à des formes d’interpellation réciproque entre différents savoirs (savoirs du quotidien, savoirs militants, savoirs savants, savoirs professionnels…), visant la reconnaissance et le respect de ce qui fait expérience et expertise pour chacun.

C’est être attentif aux différents « moments » de l’expérience – moments du quotidien, moments politiques et des enjeux qui se débattent, moments de la régulation concernant les coopérations, les interactions, et les « moments » de la recherche (sa mise en récit) – pour faire émerger au cœur du processus des co-constructions et construire du commun (P. Nicolas-Le Strat, 2013).

Faire politique par le récit

Il s’agit de « faire politique » par le bas, latéralement, à partir d’un maillage d’expériences : explorer ensemble une multiplicité d’expérimentations et par le récit faire les passages de l’une à l’autre, aussi bien de façon matérielle que symbolique : la dynamique « constituante » est en œuvre dans ces pratiques, c’est-à-dire comme « fabrique politique » qui permet l’expérimentation d’un faire et d’un vivre en commun et la formulation des enjeux de justice et d’égalité, de reconnaissance et de considération. Faire une mise en « récit politique » : c’est faire une démarche de co-création, de co-opération pour (re)prendre la main sur la faculté de constituer nos formes de vie et d’activité et d’agencer autrement les situations.

Faire politique, c’est donc cette puissance (faculté) d’agencement pour faire commun, faire en commun, c’est amorcer des processus en mesure de résister en situation, c’est faire l’expérience de ce moment constituant, ce moment vécu au cours duquel nous explorons un commun.

Le récit a la capacité de réinsérer, de réintégrer la multiplicité de nos perceptions et affects dans une structure narrative au sein duquel nous formulons des rapports de causalité, des nœuds de convergences ou de divergences ou nous modulons des significations.
Le récit comme action sur l’action nous aide à nous orienter dans notre propre expérience, en re-parcourant ce que nous avons vécu et en dégageant de nouvelles perspectives. Le récit permet d’engager un rapport politique avec ce que nous avons réalisé ; non pas pour rehausser en généralité une expérience singulière mais pour la mettre en rapport avec une multiplicité d’autres expériences et les faire communiquer entre elles, le récit faisant le passage d’une action à l’autre. Feuilleter une sorte d’album politique composé d’une multiplicité d’expériences, c’est inviter chacun à la lecture de l’autre, à une immersion dans le monde d’autrui, de nous confronter à des expériences inédites et de trouver ainsi une reconfiguration de nos manières de faire : apporter un regard nouveau, surprenant, inhabituel, une politique du récit qui interroge la posture du faiseur de récit, du destinataire…

Découvrir à partir de la narration d’autrui (rendre intelligible, interpréter, élaborer du sens) un partage des sens, un partage de savoirs, un partage d’expériences qui inscrivent l’individu dans différents réseaux d’appartenance (familial, professionnel, social, culturel…) : le récit dans sa fonction intermédiatrice (P. Nicolas-Le Strat, 2011 en ligne).

Là, la méthode de l’Histoire de vie est entendue comme modalité d’accompagnement pour promouvoir un processus de changement et d’émancipation (individuel et collectif), ne visant pas que des enjeux de connaissance, mais envisageant la personne capable d’effectuer un savoir réflexif sur son histoire, lui donner du sens et prendre des décisions sur son existence.

Il s’agit de convoquer l’ensemble d’une expérience humaine, l’histoire de vie comme moyen puissant d’émancipation des sujets grâce à la production d’un savoir critique, mais à condition qu’un espace dialectique soit introduit dans le travail d’écriture, permettant de tisser de façon plus incisive des correspondances entre la narration singulière de la personne et les événements de vie dans le contexte socio-économique : une contextualisation nécessaire pour rendre compte des effets de sens révélateurs des enjeux politiques.

Pascale FAURE, novembre 2014

 

Note :

[1] Dhume, 2013 : « le partenariat comme méthode d’action coopérative inter-institutionnelle fondée sur un engagement libre, mutuel et contractuel d’acteurs différents mais égaux, qui constituent un acteur collectif dans la perspective d’un changement des modalités d’actions – faire autrement ou faire mieux – sur un objet commun ».

Bibliographie :

Autes Michel, 1994, Les paradoxes du travail social, Dunod

Caratini Sylvie, 2004, Les non-dits de l’anthropologie, PUF

Constellation, 2014, Trajectoires révolutionnaires du jeune 21e siècle, Collectif mauvaises troupes, l’Eclat

Dhume Sonzogni Fabrice, 2010, Du travail social au travail ensemble, 2e ed, Ed ASH

Khon Canter Ruth, 1982, Les enjeux de l’observation, Anthropos

Mathieu Lilian, Le réseau, sens et usage, Les Cahiers de l’Actif, n° 324-325, p 20-32

Nicolas-Le Strat Pascal :

2011, Faire politique latéralement, la fonction intermédiatrice du récit, multitudes, n°45, en ligne

2013, Quand la sociologie entre dans l’action, Presses Universitaires de St Gemme

2014, Bonjour monsieur Leiris, dialogue impromptu dans le quartier de Maurepas, juillet, en ligne

Pineau G, Le Grand J.L., Les histoires de vie, 1993

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